Bonne nouvelle reçue de Michel Beaud le dimanche 31 juillet : il venait de voir deux Balbuzards ensemble ! Pouvait-il s’agir d’un couple? A notre arrivée sur place les deux oiseaux étaient toujours là, mais ils ne semblaient pas de taille très différente. Les deux portaient une bague bleue à la patte droite, indiquant qu’ils étaient des «nôtres». Grâce à un piège photo, nous avons constaté que ce n’était pas un couple, mais que Racine (F29), un petit mâle relâché en 2020, venait juste de revenir. Il côtoyait le mâle de 5 ans Taurus (PS7), qui acceptait sa compagnie avec magnanimité, peut-être car il considérait plutôt comme un jeune et non pas comme un concurrent, du moins pas encore.
Collecté dans un nid sur un pylône par Mario Firla le 30 juin 2020, Racine était le plus petit de nos oiseaux ramenés d’Allemagne cette année-là. Il n’avait pas pris beaucoup de poids en volière avant d’être relâché le 25 juillet, dans un premier groupe de quatre oiseaux dont faisait aussi partie Olympe (F28), revenu en Suisse ce printemps. Racine avait laissé les trois autres prendre leur envol, avant de décoller et d’aller aussitôt se poser sur les volières où du poisson frais venait d’être apporté. Il avait terminé le reste d’un poisson entamé par sa voisine de cage Méandre (F25, envolée plus tôt le même jour), avant de manger deux autres poissons entiers. Alourdi par son copieux repas, Racine n’avait plus volé de la journée. Contrairement à Olympe et Méandre, qui avaient quitté le «restaurant des Balbuzards» pour aller sur des arbres proches, il avait passé sa première nuit de liberté à dormir sur le toit d’une volière.
Le lendemain, nous avions attendu jusqu’aux premières lueurs de l’aube avant d’apporter, aussi discrètement que possible, le poisson frais du jour. Racine nous avait toutefois repéré et s’était envolé hors de vue, mais grâce au signal de l’émetteur radio fixé sur sa queue, nous savions qu’il n’était pas parti loin. Nous avions vite remarqué qu’il avait atterri entre un toit de volière et le sommet d’une cage : un endroit très inconfortable, où il n’était heureusement plus retourné ensuite.
Les semaines suivantes s’étaient déroulées sans histoires pour Racine jusqu’au 9 août, date à laquelle son émetteur avait soudainement cessé d’émettre. Dès lors ses mouvements avaient été plus compliqués à suivre, le seul moyen pour l’identifier étant de lire sa bague quand il venait se nourrir devant une caméra de surveillance. La photo ci-dessus le montre se servant d’un poisson le 31 juillet 2020, exactement deux ans avant qu’il ne soit revu dans la région. Le 3 septembre, quarante jours après son lâcher, nous avions eu une bonne surprise quand Arlette Berlie l’avait photographié dans la réserve naturelle du Fanel, à 8 km du lieu de lâcher. Racine était parti en migration quatre jours plus tard, le 7 septembre – dernière fois où nous l’avions vu jusqu’à son retour cet été.