Nous avons reçu des bonnes nouvelles de Plume (F02), femelle née en 2018 dans la province allemande de Saxe-Anhalt et translocalisée en Suisse, où elle avait été relâchée le 23 juillet avant de partir en migration le 2 septembre. Elle a été récemment immortalisée grâce à un piège-photo, le 7 juillet, sur une plateforme de nidification construite par Daniel Schmidt au nord-est de la Bavière. Des photos transmises par le forestier Matthias Gibhardt sont les premières preuves de son retour en Europe.
Plume n’est toutefois pas revenue dans la région de son premier envol, mais a rejoint une population nicheuse ailleurs, ce qui est assez typique pour les femelles de cette espèce. Avant elle, Mouche (PR4) avait fait la même chose, s’intégrant à une petite population nicheuse en Moselle à quelques 200 km de Bellechasse. Plume vient d’en repérer une autre plus distante, à environ 500 km de son site de lâcher (et 200 km de son lieu de naissance).
Concernant les mâles en revanche, les trois « suisses » identifiés jusqu’à présent de retour (Fusée PR9; Taurus PS7 et Arthur F12) sont revenus dans la région des Trois-Lacs où ils avaient été relâchés. Ce qui signifie que sur les six oiseaux réintroduits à Bellechasse dont le retour a déjà été certifié, au moins un mâle et une femelle de chaque année ont survécu à la migration : Fusée et Mouche de 2016, Taurus et Flamme KF6 de 2017, et maintenant Arthur et Plume de 2018. Alors que notre taux actuel de retour de 16% est un peu plus bas que les 20% notés par exemple au projet de réintroduction de Rutland Water en Angleterre (premier du genre en Europe), la saison 2020 n’est pas encore terminée et nous pouvons toujours espérer d’autres bonnes nouvelles. En particulier, au moins une observation de Balbuzard avec bague bleue ce printemps dans la vallée du Doubs semble concerner un autre mâle de retour, mais jusqu’à présent nous ne sommes pas sûrs de son identité.
Un autre signe encourageant est qu’il y a eu plusieurs observations de femelles non baguées en Suisse occidentale durant la première moitié de cet été, ce qui est plutôt inhabituel à cette époque. On se tient les pouces pour que l’une d’elles croise un jour le chemin d’un de nos mâles !