Un pêcheur remarquable

Bagues Balbuzard par Wendy Strahm

Balbuzard avec poisson par Sylvain Larzillière
Balbuzard pêcheur transportant un chevesne (ou chevaine) Squalius cephalus dans ses serres.

Le Balbuzard est le seul rapace diurne à se nourrir presque exclusivement de poissons vivants, et ses talents de pêcheur sont renommés. Faisant du vol sur place à grande altitude, il fait des piqués spectaculaires dans l’eau une fois repérée une proie potentielle. Avec de la chance, il attrapera le poisson convoité avec ses énormes serres, le saisissant fermement avec l’aide de sa serre réversible. D’habitude il prend des poissons, comme par exemple le mulet ou le gardon, évoluant soit dans l’eau très peu profonde, soit dans la couche superficielle de 15-20 cm d’un plan d’eau. Contrairement aux espèces telles que les cormorans ou les grèbes, les Balbuzards ne plongent et ne nagent pas sous l’eau.

Parfois, il semble que le poisson capturé est trop grand pour que l’oiseau puisse le transporter. L’anecdote est même souvent racontée qu’un Balbuzard attrapant un poisson trop grand pour être emporté, finit par se noyer, les serres bloquées dans sa proie. Il n’existe aucune preuve documentée de ce phénomène, que nous ne pourrons croire que lorsque nous le verrons !

Une vidéo fantastique d’un Balbuzard en train de pêcher peut être vue ici, montrant la sous-espèce nord-américaine qui n’est donc pas la même que celle qu’on trouve en Europe (voir taxonomie).

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Ou peut-on trouver le Balbuzard aujourd’hui?

Carte de distribution et statut des populations du Balbuzard en Europe. Repris de BirdLife Int (2004) et modiiés d'après Schmidt, Dennis & Saurola (2014).
Carte de distribution et statut des populations du Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus en Europe. Repris de BirdLife Intl (2004) et modifiés d’après Schmidt, Dennis & Saurola (2014). Les « R » verts indiquent les régions où l’espèce a été réintroduite. Les « X » rouges indiquent les pays où l’espèce a disparu.

Le Balbuzard pêcheur est une espèce cosmopolite, subdivisée en quatre sous-espèces habitant le Paléarctique, l’Amérique du Nord, les Caraïbes et l’Australie (voir taxonomie). C’est une espèce migratrice qui peut être observée sur chaque continent sauf l’Antarctique.

La sous-espèce du Paléarctique occupe aujourd’hui une aire de distribution irrégulière, principalement entre l’Ecosse à l’ouest et la péninsule du Kamtchatka et le Japon à l’est. Tandis que les effectifs européens sont assez importants (avec une estimation d’environ 10’000 couples), cette population est cependant fragmentée et a subi de forts déclins ou des disparitions régionales dans un passé relativement récent. Continuer la lecture de Ou peut-on trouver le Balbuzard aujourd’hui?

Quand le Balbuzard a-t-il niche en Suisse pour la derniere fois ?

Dernier nid du Balbuzard
Dernière aire connue du Balbuzard photographié le 16 avril 1915 à Ellikon am Rhein (ZH), dans un Pin sylvestre Pinus sylvestris. Reproduit de Stemmler (1932).

Le Balbuzard a été noté pour la dernière fois comme nicheur en Suisse en 1914 le long du Rhin, où l’ultime présence d’un adulte cantonné date de 1915 voire 1919. Depuis, le Balbuzard n’a plus été qu’un migrateur régulier en Suisse au printemps comme en automne, avec quelques rares observations d’individus isolés en été.

Carl Stemmler a fournis de précieuses informations sur les Balbuzards nicheurs du pays. Dans son livre Die Adler der Schweiz (1932) il raconte comment, le 15 avril 1911, un jeune homme qui s’appelait Merk lui avait apporté une femelle de Balbuzard qu’il avait abattue avec un pistolet à chevrotines (puis essayé d’achever avec un couteau suisse, avant de finalement l’étrangler avec une corde !) en espérant pouvoir la faire empailler. Après discussion, il avait accepté de la vendre à Stemmler et de lui montrer le nid d’où cet oiseau provenait, à Ellikon am Rhein (canton de Zürich). Le jeune homme lui expliqua comment lui et un ami avaient volé ses oeufs pendant la nuit, car il savait que s’il avait attendu, trois autres personnes étaient prêtes à aller les voler le matin suivant. Stemmler lui acheta l’oiseau tiré pour 15 francs et ses trois oeufs pour 5 francs. Le jeune homme lui raconta qu’il tuait un Balbuzard chaque année pour le vendre au taxidermiste local. Pour l’anecdote, Stemmler a  raconté que Merk a ensuite émigré au Texas ! Continuer la lecture de Quand le Balbuzard a-t-il niche en Suisse pour la derniere fois ?

Migrations

Balbuzard et flamant rose Banc d'Arguin par Wendy StrahmLa plupart des Balbuzards d’Europe nichent dans le nord et vont hiverner au sud du Sahara ou le long de sa côte occidentale (à l’exception de quelques petites populations plus ou moins sédentaires en Méditerranée). Quelques individus peuvent toutefois ne pas traverser la Méditerranée et hiverner en Espagne ou même dans le sud-ouest de la France, mais de tels cas sont assez rares. En périodes de migration, l’espèce peut être observée en Suisse en petit nombre, principalement de mi-mars à fin mai au printemps et de mi-août à fin octobre en automne. Continuer la lecture de Migrations

Pourquoi le Balbuzard a-t-il disparu de Suisse comme nicheur ?

Le Balbuzard se reproduisait autrefois dans toute l’Europe là où existaient des milieux aquatiques favorables, mais il a ensuite disparu d’une grande partie de l’ouest, du centre et du sud du continent. Ce n’est essentiellement qu’au nord de l’Europe que l’espèce a réussi à se maintenir jusqu’à nos jours, notamment en Fennoscandie, avec aussi des populations plus petites en Allemagne orientale et en Pologne. Continuer la lecture de Pourquoi le Balbuzard a-t-il disparu de Suisse comme nicheur ?

Le Balbuzard pourrait-il revenir s’installer tout seul en Suisse ?

Balbuzard par Pascal RapinLe Balbuzard est une espèce « philopatrique » et il est très peu probable qu’il revienne un jour s’installer tout seul en Suisse romande – même si dans la nature on ne peut jamais dire jamais. La philopatrie définit l’attachement d’un individu à rester ou à revenir à l’endroit où il est né pour se reproduire. Certaines espèces, dont le Balbuzard, ont une philopatrie très marquée, avec pour conséquence que leur capacité de dispersion est très faible. Pour cette raison, dès qu’une population de Balbuzards disparaît quelque part, on ne peut pas raisonnablement s’attendre à ce que des individus qui ne sont pas nés à cet endroit le recolonise spontanément, même s’il y existe encore un milieu convenable. Continuer la lecture de Le Balbuzard pourrait-il revenir s’installer tout seul en Suisse ?

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