Trois jeunes Balbuzards sur un même nid

Trois Balbuzards sur un nid artificiel 3 septembre 2015Cette photo a été prise peu avant que PP5 n’entreprenne sa migration le 11 septembre. Nous avions construit deux nids devant les volières afin que les jeunes Balbuzards puissent bien les voir et s’habituer à leur proximité, et nous avons été enchantés de constater qu’ils  se perchaient volontiers dessus (bien qu’il soit rare d’en voir trois ensemble sur un même nid).

Vue aerien du nid1 Bellechasse
Le sommet du nid, tel que vu par un oiseau.

En situation naturelle, les nids de Balbuzards sont bien sûr plus épais et comportent beaucoup plus de branches que sur cette photo.  Nous avons construit ces deux  durant le pic des grandes chaleurs de juillet 2015, ce qui a limité le volume de travail qu’on a alors pu faire. Il est d’ores et déjà certain que nous ferons mieux pour 2016 ! Vus depuis leur sommet, ces nids avaient quand-même l’air bien accueillants. Grand merci à Michel Beaud et à Pascal Rapin pour leur aide précieuse lors de leur construction avec Wendy Strahm et Denis Landenbergue, ainsi qu’aux Etablissements de Bellechasse qui ont fabriqué et installé ces plateformes.

Construction du nid1 Michel Beaud et Wendy Strahm
Construction par 40° de température.
Construction de nid2 avec Pascal Rapin
Pascal au pied d’un nid, tel que vu par un oiseau.

Premiers jeunes Balbuzards envolés

Cinq Balbuzards au site de lâcher 15 août 2015Les 8 et 11 août, les six Balbuzards dont nous avions pris le plus grand soin depuis leur arrivée en Suisse ont été relâchés. Certains, comme PP6, ont attendu une heure à peine avant de prendre leur premier vol, alors que d’autres sont restés dans leur cage pendant presque toute la journée avant de finalement s’envoler. Par exemple, on avait commencé à croire que PP4 ne se lancerait jamais, jusqu’à ce qu’à 18h30 il fasse subitement un décollage parfait, pour s’élever haut dans le ciel avant d’effectuer un atterrissage parfait sur le toit de sa volière. C’était comme s’il avait réfléchi à son envol durant toute la journée, tellement il semblait déterminé à en faire du premier coup une belle réussite. A ce stade du projet, les jeunes oiseaux sont nourris deux fois par jour avec des poissons entiers  disposés à leur intention, une première fois juste avant l’aube puis une seconde fois en fin d’après-midi. Ils sont extrêmement sensibles aux dérangements et par conséquent l’équipe du projet  les surveille en permanence.  Il est impératif qu’ils ne soient pas effrayés par quoi que ce soit et qu’ils ne s’éloignent pas du lieu de réintroduction.  Trois arbres morts avaient été “plantés” à leur intention près des volières. La photo ci-dessus a été prise alors que cinq jeunes étaient perchés ensemble.

Comment reconnaître nos oiseaux

Metal and colour Osprey ringsChaque oiseau porte une bague métallique à la patte gauche et une bague plastique bleue à la patte droite. Ces bagues ne blessent aucunement les oiseaux qui les portent et ne les incommodent pas du tout. Elles ne peuvent être posées que par les détenteurs d’un permis de baguage, en l’occurrence Michel Beaud, Adrian Aebischer et Roy Dennis pour ce qui concerne notre projet. La bague métallique est fournie par la Station ornithologique Suisse (SOS) de Sempach et porte un combinaison chiffrée unique. Toute personne qui trouverait un oiseau ainsi bagué peut en informer la SOS qui nous communiquera alors aussitôt les détails de l’observation en question.

Aluminium Osprey rings from Sempach 26jun15
Bagues pour balbuzards

Pour pouvoir lire une bague métallique, il est en principe nécessaire d’avoir l’oiseau en mains. La bague de couleur, plus grande, peut être lue plus facilement au moyen d’un télescope ou d’un téléobjectif d’appareil photo, que l’oiseau soit perché ou parfois même en vol.

La bague plastique de chaque oiseau possède un code unique. En 2015 ces bagues étaient bleues, marquées des lettres blanches PP suivie d’un seul chiffre (PP1, PP2…. jusqu’à PP6) et posées à la patte droite. C’est Roy Dennis qui s’est chargé de les poser en Ecosse, afin que les oiseaux soient immédiatement identifiables au moment de leur entrée en Suisse, et leur numéro ayant préalablement être noté sur les permis d’exportation et d’importation de la CITES.

Des bagues bleues sont également posées à des Balbuzards au Royaume-Uni, mais là-bas elles le sont à la patte gauche et portent des combinaisons de lettres et de chiffres différentes. Par conséquent, si quelqu’un voit un Balbuzard pêcheur portant une bague bleue à la patte droite, il s’agit nécessairement d’un Balbuzard réintroduit en Suisse. Les oiseaux réintroduits en Suisse cette année ont été nommés d’après les lettres et chiffres inscrits sur leur bague bleue.

Lancement du site www.balbuzards.ch

Tete Balbuzard Sylvain Larzillière

Après quatre ans de préparatifs en vue de la réintroduction du Balbuzard en Suisse (un siècle  après sa disparition), nous avons le plaisir de mettre en ligne le site internet www.balbuzards.ch.

Il a principalement pour but de documenter les différentes étapes du projet, tout en proposant aussi quelques nouvelles sur des activités de protection ou études conduites ailleurs sur le Balbuzard. Si tout va bien, nous espérons relâcher les premiers jeunes durant l’été 2015.

En quoi le Balbuzard est-il unique ?

michel_jaussi_balbuzard

  •  C’est le seul rapace diurne à se nourrir uniquement de poisson.

  • Le Balbuzard est la seule espèce appartenant à son genre (Pandion) et à sa famille (Pandionidae), ce qui signifie qu’il est donc très distinct sur le plan taxonomique.

  • En commun avec les hiboux et les chouettes, il est le seul rapace diurne ayant une serre extérieure entièrement réversible, ce qui signifie qu’il peut saisir ses proies avec deux serres devant et deux serres derrière. Une fois capturés, les poissons n’ont aucune chance de s’échapper.

  • La distribution globale d’une même espèce de rapace sur chaque continent (sauf l’Antarctique) est exceptionnelle; seul le faucon pèlerin ayant une distribution plus large parmi les rapaces diurnes. La taxonomie traduit, il est vrai, l’avis du scientifique. Considéré jusqu’à maintenant comme une seule espèce vivant sur tous les continents, certes subdivisée en plusieurs sous-espèces, la science pourrait un jour constater qu’il s’agit en fait d’espèces différentes, ce qui ne changerait rien au fait que tous ont une allure très similaire et la même écologie. Les Balbuzards se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire et ils sont d’excellents indicateurs de la santé des écosystèmes aquatiques.

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Reproduction

Le Balbuzard peut se reproduire au plus tôt à l’âge de trois ans (sauf cas exceptionnel), avec un âge moyen de première reproduction de 3,8 ans en France. Plus les Balbuzards ont de territoires disponibles pour nicher dans leur région de naissance, plus ils peuvent commencer tôt à se reproduire . Si toutefois les meilleurs emplacements de nids sont déjà occupés, les jeunes adultes préfèrent différer le moment de leur première reproduction plutôt que d’aller chercher des territoires libres ailleurs. Continuer la lecture de Reproduction

Un pêcheur remarquable

Bagues Balbuzard par Wendy Strahm

Balbuzard avec poisson par Sylvain Larzillière
Balbuzard pêcheur transportant un chevesne (ou chevaine) Squalius cephalus dans ses serres.

Le Balbuzard est le seul rapace diurne à se nourrir presque exclusivement de poissons vivants, et ses talents de pêcheur sont renommés. Faisant du vol sur place à grande altitude, il fait des piqués spectaculaires dans l’eau une fois repérée une proie potentielle. Avec de la chance, il attrapera le poisson convoité avec ses énormes serres, le saisissant fermement avec l’aide de sa serre réversible. D’habitude il prend des poissons, comme par exemple le mulet ou le gardon, évoluant soit dans l’eau très peu profonde, soit dans la couche superficielle de 15-20 cm d’un plan d’eau. Contrairement aux espèces telles que les cormorans ou les grèbes, les Balbuzards ne plongent et ne nagent pas sous l’eau.

Parfois, il semble que le poisson capturé est trop grand pour que l’oiseau puisse le transporter. L’anecdote est même souvent racontée qu’un Balbuzard attrapant un poisson trop grand pour être emporté, finit par se noyer, les serres bloquées dans sa proie. Il n’existe aucune preuve documentée de ce phénomène, que nous ne pourrons croire que lorsque nous le verrons !

Une vidéo fantastique d’un Balbuzard en train de pêcher peut être vue ici, montrant la sous-espèce nord-américaine qui n’est donc pas la même que celle qu’on trouve en Europe (voir taxonomie).

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Ou peut-on trouver le Balbuzard aujourd’hui?

Carte de distribution et statut des populations du Balbuzard en Europe. Repris de BirdLife Int (2004) et modiiés d'après Schmidt, Dennis & Saurola (2014).
Carte de distribution et statut des populations du Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus en Europe. Repris de BirdLife Intl (2004) et modifiés d’après Schmidt, Dennis & Saurola (2014). Les « R » verts indiquent les régions où l’espèce a été réintroduite. Les « X » rouges indiquent les pays où l’espèce a disparu.

Le Balbuzard pêcheur est une espèce cosmopolite, subdivisée en quatre sous-espèces habitant le Paléarctique, l’Amérique du Nord, les Caraïbes et l’Australie (voir taxonomie). C’est une espèce migratrice qui peut être observée sur chaque continent sauf l’Antarctique.

La sous-espèce du Paléarctique occupe aujourd’hui une aire de distribution irrégulière, principalement entre l’Ecosse à l’ouest et la péninsule du Kamtchatka et le Japon à l’est. Tandis que les effectifs européens sont assez importants (avec une estimation d’environ 10’000 couples), cette population est cependant fragmentée et a subi de forts déclins ou des disparitions régionales dans un passé relativement récent. Continuer la lecture de Ou peut-on trouver le Balbuzard aujourd’hui?

Quand le Balbuzard a-t-il niche en Suisse pour la derniere fois ?

Dernier nid du Balbuzard
Dernière aire connue du Balbuzard photographié le 16 avril 1915 à Ellikon am Rhein (ZH), dans un Pin sylvestre Pinus sylvestris. Reproduit de Stemmler (1932).

Le Balbuzard a été noté pour la dernière fois comme nicheur en Suisse en 1914 le long du Rhin, où l’ultime présence d’un adulte cantonné date de 1915 voire 1919. Depuis, le Balbuzard n’a plus été qu’un migrateur régulier en Suisse au printemps comme en automne, avec quelques rares observations d’individus isolés en été.

Carl Stemmler a fournis de précieuses informations sur les Balbuzards nicheurs du pays. Dans son livre Die Adler der Schweiz (1932) il raconte comment, le 15 avril 1911, un jeune homme qui s’appelait Merk lui avait apporté une femelle de Balbuzard qu’il avait abattue avec un pistolet à chevrotines (puis essayé d’achever avec un couteau suisse, avant de finalement l’étrangler avec une corde !) en espérant pouvoir la faire empailler. Après discussion, il avait accepté de la vendre à Stemmler et de lui montrer le nid d’où cet oiseau provenait, à Ellikon am Rhein (canton de Zürich). Le jeune homme lui expliqua comment lui et un ami avaient volé ses oeufs pendant la nuit, car il savait que s’il avait attendu, trois autres personnes étaient prêtes à aller les voler le matin suivant. Stemmler lui acheta l’oiseau tiré pour 15 francs et ses trois oeufs pour 5 francs. Le jeune homme lui raconta qu’il tuait un Balbuzard chaque année pour le vendre au taxidermiste local. Pour l’anecdote, Stemmler a  raconté que Merk a ensuite émigré au Texas ! Continuer la lecture de Quand le Balbuzard a-t-il niche en Suisse pour la derniere fois ?

The Osprey in Switzerland