Depuis le 5 avril, Mouche (PR4) est de retour dans le département français de Moselle, où elle a rejoint son partenaire allemand AM06, repéré pour la première fois le 18 mars. Grand merci à David Meyer qui nous a transmis cette excellente nouvelle, et à Heidi Meyer pour la photo d’un accouplement qu’elle est parvenue à prendre à très grand distance, à travers une longue-vue avec son téléphone portable.
Né en Allemagne orientale dans le land de Saxe-Anhalt, Mouche avait été translocalisée en Suisse où elle avait été relâchée le 23 juillet 2016, avant de finalement partir en migration le 25 août. Elle avait été découverte pour la première fois de retour en Europe le 16 juin 2018 par Patrick Hostert dans le département français de Meurthe-et-Moselle, mais n’avait ensuite pas été revue cette année-là.
En 2019, elle avait été retrouvée et suivie par David Meyer et Dominique Lorentz en Moselle voisine du 26 juillet au 28 août. Elle n’était alors plus toute seule, s’étant appariée tard dans la saison avec AM06 avec lequel elle a même construit un nid ! L’espoir était grand que les deux reviennent de migration en 2020, et la chance a permis que nos vœux deviennent réalité.
Mouche est le premier Balbuzard relâché par le projet suisse de réintroduction à s’apparier et à montrer des signes de vouloir se reproduire. S’agissant d’une femelle, il n’est pas surprenant qu’elle se soit établie dans un territoire situé à environ 200 km de Bellechasse, les femelles de Balbuzards étant d’habitude moins attachées que les mâles à la région de leur premier envol. Le cantonnement d’AM06 en Moselle est en revanche plutôt exceptionnel. Né dans l’état de Brandebourg en Allemagne orientale en 2016 – la même année que Mouche –, il a sans doute été attiré par la présence dans la région d’une petite population nicheuse ainsi que par celle d’une attrayante femelle célibataire. Autant de raisons pour susciter une exception à la règle selon laquelle les mâles de Balbuzards retournent d’habitude nicher dans la région où ils ont pris leur premier envol.
Avec le confinement lié à la crise sanitaire du Covid-19, les possibilités de suivre le nid seront limitées ce printemps. Du même coup les oiseaux jouiront d’une paix et d’une tranquillité exceptionnelles, conditions bienvenues sachant qu’il est essentiel pour les Balbuzards nicheurs de ne subir aucun dérangement.