Archives de catégorie : Nouvelles

Deuxième Matinée Balbuzard

La Goule, Doubs, Jura Suisse

La deuxième matinée Balbuzard s’est tenue le 30 mai, avec le même but que la première : surveiller simultanément de nombreux sites potentiels de pêche pour tenter de repérer où ces oiseaux prennent leur premier repas de la journée. 57 volontaires se sont levés encore plus tôt que la dernière fois pour prospecter 31 sites à la recherche du Balbuzard entre 5h30 et 10h00. Merci encore à toutes celles et ceux qui ont occupés un des points d’observation répartis dans la région des Trois-Lacs, le long de l’Aar et du Doubs (photo), ou au lac de Schiffenen.

L’aube ensoleillée tenait presque du miracle après les pluies quasi- continues qui avaient suivi notre première matinée Balbuzard. Une chance néanmoins tempérée par la forte bise, vent du nord qui a rendu l’observation et les conditions de pêche plus difficiles en particulier sur les grands lacs. Deux Balbuzards ont finalement été observés. Le premier, Arthur, s’est donné en spectacle à Hagneck avant de partir vers Lobsigen (à presque 10 km de là) où il a attrapé deux poissons. Le deuxième a été vu depuis le Fanel, très au large et sans possibilité de voir s’il était bagué, mais il s’agissait peut-être bien de Taurus.

Aucun n’a été vu aux lacs de Morat et de Schiffenen, ni sur l’Aar et sur le Doubs, mais leur recherche sur d’aussi grandes superficies est certes un peu comparable à celle d’une aiguille dans une botte de foin.

Une troisième « matinée Balbuzard » aura lieu le dimanche 20 juin, à une moment très favorable pour espérer voir un oiseau relâché par le projet (comme Radar ou d’autres mâles de retour), ou une femelle subadulte provenant d’ailleurs. Toute personne pas encore inscrite et intéressée à y participer est la bienvenue de nous contacter ici.

Radar chez les Belges

Radar un Balbuzard attaqué par un Vanneau

Radar (F16), né en Allemagne et translocalisé à Bellechasse en 2019, vient d’être signalé de retour en Europe par Niels et Jacoba Ryckeboer le 14 mai, près de Louvain en Belgique (à 470 km au nord de son site de lâcher).

Notre première réaction à cette bonne nouvelle a été de penser que ce mâle, nommé d’après le dessin en forme de radar sur sa tête, ne faisait pas vraiment honneur à son nom ! Le temps dira s’il est juste en tournée d’exploration avant de revenir « à la maison », où s’il pourrait éventuellement se joindre à la population nicheuse de Balbuzards la plus proche d’où il a été vu (Parc National de Biesbosch aux Pays-Bas, où trois couples se sont reproduits l’an dernier).

Une phase d’exploration est chose courante pour un oiseau de son âge. Par exemple, Fusée (PR9, né en 2016) avait été vu de retour dans le nord-est de la Suisse – à 140 km de Bellechasse – le 10 mai 2018, avant de gagner la région des Trois-Lacs le 28 juillet. De même pour Taurus (PS7, né en 2017), repéré le 22 mai 2019 en France près de Dôle – à 120 km de Bellechasse – avant d’arriver dans sa zone de réintroduction le 29 juin. Nous garderons bien sûr un œil attentif pour Radar, en espérant le voir bientôt de retour chez les Helvètes.

Entretemps nous sommes reconnaissants à Niels et Jacoba Ryckeboer d’avoir repéré notre quatrième mâle confirmé de retour (un pour chacune des années 2016 à 2019), et de nous avoir annoncé que malgré son harcèlement par un Vanneau huppé (photo ci-dessus), Radar se porte bien.

Première Matinée Balbuzard

l'aube sur Lac de Bienne

Alors qu’Arthur (F12) et Taurus (PS7) sont régulièrement vus dans la région des Trois-Lacs, repérer d’autres oiseaux de retour est un sérieux défi. Avec la migration printanière touchant bientôt à sa fin, les chances augmentent qu’un Balbuzard vu en Suisse entre mai et juillet soit un des « nôtres », ou peut-être une femelle erratique non nicheuse provenant d’ailleurs. Trois « matinées Balbuzards » sont organisées pour tenter de localiser de tels oiseaux, qui peuvent être très discrets. Les rechercher au moment de leur « petit déjeuner » peut accroître la probabilité d’en repérer un.

La première matinée Balbuzard a eu lieu le 9 mai, journée magnifique avec soleil et chaleur entre deux séries froides et pluvieuses. 48 volontaires se sont levés avant l’aube pour rechercher l’espèce entre 6h00 et 10h00 dans 29 sites, principalement dans la région des Trois-Lacs, mais aussi le long de l’Aar et du Doubs. Grand merci à toutes et tous pour leur engagement et leur enthousiasme !

Trois Balbuzards ont été vus lors de cette première matinée du genre : un au lac de Neuchâtel (au Fanel, vraisemblablement Taurus), et deux au lac de Bienne (Arthur à Hagneck, et un oiseau différent à l’île St-Pierre – migrateur de passage ou individu de retour). Trois autres observations ont été faites plus tard dans la journée: deux d’un oiseau à bague bleue dans le Seeland (très probablement Taurus), et une près de Goumois sur le Doubs, à quelques km d’où Martial Farine avait noté un mâle à bague bleue  le 19 avril 2020 .

Les prochaines “matinées Balbuzard” auront lieu les 30 mai et 20 juin. Pour toute personne non encore inscrite souhaitant prendre part à ces mémorables expériences, n’hésitez pas à nous contacter ici.

Ladies first

Plume F02 pêchant une Tanche Tinca tinca

Bonnes nouvelles de nos deux femelles : Mouche (PR4), née en 2016, niche pour la deuxième année consécutive avec AM06 en France (Moselle). Si tout va bien, la première éclosion devrait avoir lieu autour du 20 mai. Plume (F02), née en 2018, est retournée en Allemagne (nord-est de la Bavière), sur une plateforme de nid située à environ 50 km d’où elle avait été photographiée l’été dernier. Elle s’y trouve avec un mâle bagué de quatre ans (BE63) qui, d’après Daniel Schmidt, avait formé l’an dernier un « couple instable » avec une femelle non baguée – mais sans nicher. Ce printemps une sorte de « ménage à trois » s’est constitué, au sein duquel Plume semble avoir pris l’avantage. Apparemment une femelle couve maintenant sur ce nid, sans qu’on sache encore pour sûr de laquelle il s’agit. En attendant d’en savoir plus, voir ci-dessus une magnifique photo de Plume capturant une tanche (Tinca tinca), prise par Markus Nilles et Kakuko Hirose le 9 avril.

Pour ce qui est de nos deux mâles revenus dans la région suisse des Trois-Lacs, Arthur (F12) gratifie  ses fans de nombreux vols acrobatiques à Hagneck, d’autant plus depuis qu’un couple de Goélands leucophées a décidé de squatter la plateforme construite pour lui le mois dernier. Agé de juste trois ans et encore solitaire, Arthur n’a pas réussi à les évincer malgré tous ses efforts. De son côté, Taurus (PS7), âgé maintenant de quatre ans, s’est activé à recharger deux plateformes avec des mottes d’herbes sèches et quelques branches. Vu qu’il n’a pas encore eu la chance de rencontrer une femelle de passage, il devra persévérer et patienter encore (tout comme nous d’ailleurs !). A Urdaibaï en Espagne, où une réintroduction s’est déroulée de 2013 à 2017, un mâle né en 2013 (baptisé Roy) a attendu huit ans avant de se reproduire pour la première fois cette année. Il s’est apparié avec une femelle de trois ans relâchée en 2018 au Marais d’Orx en France, à un peu plus d’une centaine de km de là : une bonne illustration de l’utilité d’avoir deux projets de réintroduction réalisés (simultanément ou l’un après l’autre) à relativement faible distance l’un de l’autre. Cette première nidification à Urdaibaï peut être suivie par webcam ici.

Quatre sur quatre

Balbuzard Arthur F12 à Hagneck, Suisse

Alors qu’en Moselle Mouche (PR4) et AM06 s’activent à recharger des branches sur leur nid (et commencent à s’accoupler avant même le lever du soleil, selon les observations faites par David Meyer), nous sommes heureux d’annoncer que nos deux mâles revenus en Suisse l’année dernière (Taurus PS7 et Arthur F12) sont à nouveau de retour. Bravo à Attilio Rossi et John Spillmann d’avoir été les premiers à repérer Taurus (sans lire sa bague, mais c’était bien lui) le 2 avril, et à Michel Cattin, un des nombreux fans d’Arthur, d’avoir découvert son retour à Hagneck le 7 avril.

En outre Plume (F02), qui avait été signalée dans le nord-est de la Bavière l’année dernière, vient d’avoir son portrait tiré par un piège-photo le 5 avril sur une plateforme de nid dans la même région. Merci à Matthias Gibhardt et Daniel Schmidt de garder un œil si aiguisé sur ses mouvements.

Nous aurions certes aimé que certaines de nos femelles reviennent en Suisse, même s’il est normal qu’elles tendent plutôt à intégrer d’autres populations, contribuant ainsi à la diversité du pool de gènes. On ne peut qu’espérer qu’une femelle provenant d’ailleurs vienne tôt ou tard rendre la politesse ici !

 

Retour de Mouche en Moselle

Mouche PS4 un Balbuzard en Moselle

Excellentes nouvelles de France par David Meyer, qui a vu deux Balbuzards à leur nid le samedi 27 mars en Moselle. Après un long et patient monitoring, il a pu lire leurs bagues et confirmer le 29 que Mouche (PR4) et son partenaire étaient bien de retour. Pour mémoire, Mouche est née en Allemagne en 2016 puis a été translocalisée et relâchée à Bellechasse, avant d’être revue une fois en 2018 dans l’est de la France. Elle est retournée en 2019 en Moselle où elle s’est appariée avec un mâle bagué AM06, les deux oiseaux construisant même un nid tardif durant l’été.  Le couple est revenu en 2020 et s’est reproduit pour la première fois, produisant au moins un jeune qui n’a malheureusement pas survécu. Pourvu qu’ils aient plus de succès cette année !

Nous espérons par ailleurs avoir bientôt des nouvelles d’Arthur (F12), de Taurus (PS7) ou de tout autre oiseau territorial en Suisse. Un nombre plus grand que d’habitude de Balbuzards a déjà été vu dans la région des Trois-Lacs depuis le début du printemps, peut-être du fait d’une pression d’observation accrue en période le Covid-19, de la remarquable douceur du climat depuis une semaine, d’un passage de migrateurs plus marqué que de coutume, ou d’une combinaison de ces facteurs. Le suspense augmente de voir bientôt un oiseau de retour avec bague bleue à la patte droite … .

Rapport sur la saison 2020

Trois Balbuzards Albi, Silex et Rugby

Un rapport sur la saison 2020 du Projet Balbuzard (“Projet Balbuzard Pandion haliaetus: retours et lâchers en Suisse 2020”)  a paru dans le fascicule de mars 2021 de la revue Nos Oiseaux. Ce rapport résume la première reproduction de Mouche dans le département français de Moselle, où elle a eu au moins un poussin qui n’a malheureusement pas survécu. Deux mâles (Taurus pour la deuxième fois, et Arthur pour la première) sont revenus en Suisse, où Fusée n’a en revanche pas été revu. En outre deux femelles ont été photographiées : Flamme (née en 2017) dans son lieu d’hivernage en Gambie (alors que nous ignorons où elle retourne en Europe), et Plume (née en 2018) sur quatre plates-formes de nidification différentes dans le nord-est de la Bavière, en Allemagne. Douze jeunes supplémentaires d’Allemagne et de Norvège ont par ailleurs été translocalisés en Suisse d’où ils sont partis en migration avec succès entre les 15 août et 17 septembre. Au moins cinq d’entre eux ont rendu visite plusieurs fois à un mâle non bagué qui a fait escale durant trois semaines dans la région l’été dernier. L’article peut être téléchargé ici.

Cette année 2021 sera focalisée sur la recherche d’éventuels territoires occupés en Suisse. Cela inclura l’organisation de trois « matinées Balbuzard », pendant lesquelles des observateurs volontaires surveilleront simultanément les zones de pêche les plus favorables pour l’espèce dans la région des Trois-Lacs (et peut-être aussi le long du Doubs et de l’Aar). Cette surveillance aura lieu de l’aube jusqu’à 10 heures, les dimanches 9 mai, 30 mai et 20 juin. Si vous êtes intéressé(e) et disponible pour participer à au moins deux (ou encore mieux aux trois) de ces dates, merci de bien vouloir nous contacter en indiquant vos jours de disponibilité et vos préférences comme sites d’observation. Toutes les personnes inscrites seront contactées dix jours avant chaque date pour l’attribution d’un point d’observation, à définir en fonction du nombre de volontaires inscrits. Grand merci par avance pour votre participation !

Chambre avec vue

Nid Balbuzard à Hageck

En préparation de la saison Balbuzard 2021, nous venons de construire une nouvelle plateforme de nidification dans un lieu très spécial : la réserve naturelle du delta de l’Aar à Hagneck, au bord du lac de Bienne. Ce site est particulièrement stratégique puisque l’année dernière Arthur (né en 2018 et bagué F12) y a passé une grande partie de l’été. Nous espérons qu’il reviendra de sa migration (longue probablement de 8-9.000 km aller-retour) et qu’il trouvera à son goût la vue magnifique depuis ce nid.

Cette plateforme est la 22ème mise en place par le Projet Balbuzard de Nos Oiseaux, cette fois avec le généreux soutien du CEPOB (Centre d’Etude et de Protection des Oiseaux, Bienne et environs), qui a parrainé sa construction pour l’occasion de son 40ème anniversaire. Installée avec toutes les autorisations nécessaires, cette « chambre avec vue » n’aurait pas pu être réalisée sans le superbe travail des grimpeurs Christian Grand et Yann Marbach, ainsi que l’appui au sol d’Emile Curty et de plusieurs autres bénévoles. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’Arthur revienne ce printemps ! Pour quelques photos de l’équipe en pleine action, voir ici

L’équipe 2020

Nous avons eu une autre bonne saison en 2020, avec l’envol et le départ en migration de l’ensemble des 12 jeunes lâchés, sans oublier deux autres, Taurus PS7 (de 2017) et Arthur F12 (de 2018), qui sont revenus en Suisse. Un tel succès a été rendu possible grâce au travail de nombreuses personnes, cette année comme les précédentes. Grand merci en particulier aux bénévoles qui ont passé au moins deux semaines de leur précieux temps à aider sur le terrain à Bellechasse : Océane Cordoliani, Christophe Chaigne, Niels Friedrich, Martine Guex-Meier, Alba Hendier, Sven Henrioux, Johnny Kursner, Florian Meier, Catherine Robert, Jean-Luc Simon and Marièle Zufferey. Ils ont tous travaillé avec enthousiasme avec les techniciennes Balbuzard Cyrielle Boudon et Marine Brunel, le bénévole de longue date Denis Landenbergue et la coordinatrice du projet Wendy Strahm. Sans oublier Adrian Aebischer, Michel Beaud, Emile Curty, Pascal Rapin, Christine Rast, Pascal Schöpfer et bien d’autres collègues et sympathisants qui ont contribué au projet d’une manière ou d’une autre en 2020 (tous mentionnés dans notre rapport de mars 2021 dans la revue Nos Oiseaux). Nos chaleureux remerciements à toutes et tous !

Au revoir Amphore

Migration Balbuzard Amphore 17 septembre 2020

Le lauréat du concours du « dernier à partir » cette année a été Amphore (F30), une jeune femelle originaire d’Allemagne, baptisée d’après la forme du dessin sur sa tête. Après des journées passées à l’observer longuement couchée et se déplaçant seulement pour manger, nous avons réalisé que (très à propos) « Amphore » était l’anagramme d’ « amorphe » ! Toutefois ce qui pouvait ressembler à une certaine « paresse » venait juste du fait qu’elle était le plus jeune des oiseaux allemands. Elle s’est d’ailleurs rapidement montrée plus active à mesure qu’elle devenait une grande et belle femelle (voir photo prise la veille de son départ). Le 17 septembre, par une météo ensoleillée avec forte bise, elle a filé haut et loin en direction du lac de Neuchâtel, marquant ainsi la fin de notre saison 2020.

Les premiers à migrer avaient été Zeppelin (F26) le 15 août et Olympe (F28) le 25. Six de plus sont ensuite partis dans les quatre premiers jours de Septembre :  Méandre (F25), Volcan (F31), Tonnerre (F32), Jedi (F35), Tulipe (F36) et Gustave (F27), suivis de peu le 7 par Racine (F29). Les trois derniers,  qui semblaient très liés et pas pressés de partir, donnaient plutôt l’impression de vouloir profiter de l’été indien à Bellechasse. Les deux plus jeunes norvégiens, Rugby (F33) et Silex (F34), ont finalement migré respectivement les 15 et 16 septembre, imités le jour d’après par Amphore.

Pour ce qui est des deux mâles au retour confirmé cette année, Arthur (F12, né en 2018) est parti le 1er septembre et Taurus (PS7, né en 2017) le 4. Par ailleurs David Meyer, qui avait découvert Mouche (PR4, née en 2016) en Moselle et suivi sa première tentative de nidification, nous signale qu’elle et son partenaire y ont passé l’été et ont été observés pour la dernière fois ensemble le 1er septembre.

Bilan positif donc pour cette saison, même si malgré tous nos efforts, nous n’avons cette année encore pas réussi à relâcher beaucoup plus de mâles que de femelles. La raison pour laquelle nous espérons réintroduire une proportion plus grande de mâles vient du fait que, plus philopatriques, ils reviennent traditionnellement dans la région de leur premier envol, ce qui est beaucoup moins fréquent pour les femelles. Sous réserve des résultats de l’analyse ADN attendus dans le courant de l’automne, il semblerait que cette année nous ayons relâché sept mâles et cinq femelles.

Alors que la saison tire à sa fin, un tout grand merci une fois encore à l’équipe du projet Balbuzard pour son engagement et son enthousiasme à prendre soin des oiseaux et à garantir leur départ en toute sécurité vers des horizons inconnus.